« La Communication Non Violente (CNV) repose sur une pratique du langage qui renforce notre aptitude à conserver nos qualités de coeur, même dans des conditions éprouvantes. Elle n’innove pas, et tous ses principes sont connus depuis des siècles. Son objectif est de nous rappeler ce qui fait la valeur profonde des interactions humaines, et de nous aider à les vivre avec cette conscience.
La CNV nous engage à reconsidérer la façon dont nous nous exprimons et dont nous entendons l’autre. Les mots ne sont plus des réactions routinières et automatiques, mais deviennent des réponses réfléchies, émanant d’une prise de conscience de nos perceptions, de nos émotions et de nos désirs. Nous nous exprimons alors sincèrement et clairement, en portant sur l’autre un regard empreint de respect et d’empathie. Dans tout échange, nous sommes à l’écoute de nos besoins les plus profonds et de ceux de l’autre. La CNV aiguise notre sens de l’observation et nous incite à identifier les comportements et les situations qui nous touchent. Nous apprenons aussi à définir et à formuler clairement ce que nous souhaitons dans une situation donnée. Pour élémentaire qu’elle paraisse, cette démarche est un puissant moyen de transformation.
En déjouant nos vieux schémas de défense, de retraite ou d’attaque, la CNV nous amène à une perception neuve de nous-mêmes et des autres, mais aussi de nos intentions et de nos relations. Elle modère les réactions de résistance, de défense ou d’agressivité. En effet, lorsqu’au lieu de critiquer et de juger nous sommes attentifs à ce que nous observons, ressentons et désirons, nous découvrons l’ampleur de notre propre bonté naturelle. Parce qu’elle privilégie la qualité de l’écoute de soi et de l’autre, la CNV suscite le respect, l’attention et l’empathie, et engendre un désir mutuel de donner spontanément dans l’élan du cœur. […]
Démarche de la CNV
Pour parvenir à un désir réciproque de donner du fond du cœur, nous focalisons notre attention sur quatre points, qui constituent les quatre composantes de la CNV.
Dans un premier temps, nous observons ce qui se passe réellement dans une situation donnée : qu’est-ce qui, dans les paroles ou actes d’autrui, contribue ou non à notre bien-être ? L’important est de parvenir à énoncer ces observations sans y mêler de jugement ou d’évaluation – ce qui revient à dire simplement quels sont les faits que nous apprécions ou n’apprécions pas.
Puis nous disons ce que nous ressentons en présence de ces faits : sommes-nous tristes, joyeux, inquiets, amusés, fâchés ? …
En troisième lieu, nous précisons les besoins à l’origine de ces sentiments. […]
Le quatrième élément indique précisément ce que l’on désire de la part de l’autre afin que notre vie soit plus agréable. […]
En focalisant notre attention sur ces quatre points, et en aidant l’autre à suivre la même démarche, nous établissons un courant de communication qui débouche tout naturellement sur la bienveillance : je dis ce que j’observe, ressens et désire, et ce que je demande pour mon mieux-être ; j’entends ce que tu observes, ressens et désires, et ce que tu demandes pour ton mieux-être. […]
Résumé
La CNV nous aide à renouer avec nous-mêmes comme avec les autres en laissant libre cours à notre bienveillance naturelle. Elle nous engage à reconsidérer la façon dont nous nous exprimons et dont nous écoutons l’autre, en fixant notre attention sur quatre éléments : l’observation d’une situation, les sentiments qu’éveille cette situation, les besoins qui sont liés à ces sentiments, et enfin ce que nous pourrions demander concrètement pour satisfaire nos besoins. La CNV suscite qualité d’écoute , respect et empathie, et fait naître un courant de générosité réciproque. »
Extraits du livre Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs), de Marshall B. Rosenberg.
Pour aller plus loin :
– Interview de Marshall B. Rosenberg
– Marshall B. Rosenberg, Introduction à la Communication Non Violente :